Siwert Bergström
* 28 août 1937
† 21 novembre 2020
* 28 août 1937
† 21 novembre 2020
C’est avec une immense tristesse que nous vous annonçons que Siwert Bergström, fondateur de la Galleri GKM, notre père, grand-père et beau-père adoré, est décédé paisiblement le samedi 21 novembre, à l’âge de 83 ans. Son amour pour l’art et son dévouement de toute une vie pour la galerie ne se sont jamais démentis. Notre travail demeure empreint de son esprit et il nous manquera énormément.
La famille Bergström
Une passion éternelle pour l’art
Éloge funèbre par Johan Persson
Siwert Bergström. Tu as eu le courage de suivre ta propre voie. Tu as osé mettre ta confiance en des artistes en lesquels tu croyais véritablement. Tu as été une force de la nature dans le milieu artistique suédois pendant plusieurs décennies.
C’est avec un grand chagrin que j’ai appris ton départ. Ce qui me vient spontanément à l’esprit quand je pense à toi, toutefois, c’est la façon que tu avais de faire apparaître des expositions uniques, un peu comme un magicien avec sa baguette magique. Tu savais allier beauté de l’art et ingéniosité des détails. Siwert, tu étais à fois galeriste et artiste dans l’âme.
Siwert Bergström naît en 1937, dans le Småland en Suède, dans une famille d’église libre. Passionné par la musique dès son enfance, il caresse le rêve de devenir directeur musical et se lance à corps perdu dans l’apprentissage du violon. Son refus à l’Académie de musique anéantit tous ses espoirs, mais Siwert ne se laisse pas abattre pour autant. À 22 ans, il est déjà allé à New York, travaillant comme aide-cuisinier à bord du MS Gripsholm de la SAL, une compagnie maritime suédoise. Il a aussi fait ses preuves dans une verrerie du Småland. Séduit par l’aspect créatif du travail de pâtissier, il suit une formation dans ce domaine et, avec son épouse Solveig, décide d’ouvrir sa propre pâtisserie, d’abord à Kättilstorp, puis à Huskvarna. Ces années voient aussi la naissance de leurs deux fils, Thomas et Karl-Johan.
Dans les années 1960, la forte concurrence des grands magasins se fait sentir et la petite pâtisserie familiale n’arrive plus à survivre. C’est alors que l’art fait son entrée dans leur vie. Passionnés et déterminés à se lancer sur une nouvelle voie, Siwert et Solveig commencent à s’intéresser aux œuvres des artistes du Groupe Halmstad qu’ils commençaient à exposer. Galleri Kända Målare (Galerie des peintres connus), laquelle deviendra par la suite Galleri GKM, entre alors en scène.
En 1967, la galerie est située sur Bredgränd, à Jönköping. Grâce à une fructueuse collaboration avec des membres du Groupe Halmstad, Siwert s’initie à l’impression de gravures dans un atelier situé non loin de Paris. Bien qu’il ne parle pas un seul mot de français, Siwert prend le train en direction de Paris et profite de ce long trajet pour apprendre avec un soin minutieux le nom de toutes les couleurs dans la langue de Molière. Plongé dans l’effervescence de cette métropole artistique, il fait alors la rencontre de Bengt Lindström, grâce à qui il rencontre Corneille par la suite. Les contacts se multiplient, et peu après, des artistes comme Karel Appel, Jacques Doucet, Arman, César, Erró, Valerio Adami, Peter Klasen, et Roberto Matta, pour n’en nommer que quelques-uns, font leur apparition. Les liens avec ces artistes se resserrent et les voyages à Paris se font de plus en plus fréquents. De 1981 à 1995, la galerie participe à la Foire internationale d’art contemporain (FIAC) au Grand Palais. Siwert adopte Paris, en fait un deuxième chez-soi, et avec les années il parle couramment français. En 1984, il désire se rapprocher du continent. Sous l’influence des bons mots de Corneille pour la ville de Malmö où l’artiste a exposé ses œuvres dans les années 1950, la galerie déménage alors de Jönköping à son emplacement actuel, rue Stora Nygatan.
Outre la facilité que Siwert avait pour organiser des expositions d’œuvres d’art, on lui doit une multitude d’éditions de gravures et de sculptures d’artistes exposants, et la publication de livres d’art exquis. À ses nombreux talents s’ajoute l’aisance avec laquelle il tissait des liens entre artistes, écrivains et traducteurs, notamment Artur Lundkvist, Maria Wine, Pierre Restany, Michel Ragon et Lasse Söderberg, pour n’en nommer que quelques-uns. Autre signe que Siwert possédait un grand sens de l’intuition : il avait réussi à convaincre Octavio Paz d’écrire une suite de poèmes en prose, Le cœur est un œil, pour accompagner les peintures de Roberto Matta. Ce livre de la galerie avait été publié en 1988, soit deux ans avant que Paz reçoive le prix Nobel de littérature.
Tel un oiseau toujours en quête de nouveaux horizons, Siwert cherche constamment à présenter de nouvelles expositions de toujours plus artistes. Dans les 1990, la galerie lorgne d’ailleurs vers l’Est et met en valeur les œuvres de plusieurs noms reliés à l’art estonien, dont celui de Raul Meel et d’Olev Subbi.
Ce qui distingue aussi Siwert des autres galeristes, c’est qu’il s’était aussi donné comme mission d’encourager de jeunes artistes de talent et même d’acheter leurs œuvres, notamment celles de Patrick Chappert-Gaujal, jeune sculpteur du sud de la France qui a vécu à Malmö vers la fin des années 1980.
La vie de Siwert a été jalonnée de moments magiques. Le célèbre happening organisé au Lund Konsthall, en 1989, avec Arman, artiste de renommée mondiale, en est un exemple. Un événement tout aussi inoubliable présenté également devant le public a lieu l’année d’avant : le sculpteur Cesár, lui aussi mondialement célèbre, réalise la compression d’une ancienne Volvo.
Tout au long de sa vie, Siwert Bergström a toujours cherché à aller de l’avant, poussé par un désir de découvrir et une curiosité intellectuelle où le mot et l’image se rencontrent. Au début des années 1990, il reçoit, des mains du président François Mitterand, l’une des plus prestigieuses décorations honorifiques françaises, celle de l’ordre de Chevalier des Arts et des Lettres, pour sa contribution à la culture. Le jour de la remise du prix, il se retrouve coincé dans un embouteillage, à Paris. Il intercepte un policier pour lui montrer son invitation à la cérémonie. Siwert est ensuite escorté puis reconduit à une vitesse folle jusqu’aux portes du Palais de l’Élysée dans un véhicule à feux bleus clignotants.
En quittant la vie ici-bas, Siwert Bergström laisse un grand vide. Je garderai le souvenir d’un homme chaleureux d’une grande générosité. Il nous laisse une multitude innombrable d’éditions et de livres d’art. Tout ceci est en fait une synthèse de l’œuvre de sa vie et de son amour pour l’art.
Johan Persson
Half a Century with GKM
Gold! There was never a shadow of doubt about what colour this book should be. They call a 50th wedding anniversary a golden wedding, don’t they? And in our opinion half a century is well worth celebrating. After all, what can surpass a milestone like that? There is always a centenary celebration, of course, but as we are unlikely to be quite as agile half a century from now, we’ll leave that to the generations to come.